Deux semaines sur une île à soi tout seul

Ça s’appelle “résidence d’artiste”, un temps de retraite sur un confetti posé tout au bout de la Manche, au bord de l’océan Atlantique. L’endroit et le moment sont alors suspendus à la création artistique ; en ce joli mois de mai, pour Christophe Le Baquer, l’expérience se déroule sur l’île Wrac’h. Un cadeau de la vie, rendu possible par l’association Iles et Phares du Pays des Abers dont les bénévoles entretiennent et animent la maison-phare de l’île Wrac’h au large de Plouguerneau.

Le second vendredi du séjour, Christophe a rencontré les membres de la commission artistique de l’association. Ensemble, ils ont parlé de la prose et de la poésie, ils ont regardé les images qui ont jailli de la boîte de couleurs. Christophe a évoqué sa quête de l’essentiel, et cette phrase de Paul Gauguin : « Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j’entends le son sourd, mat et puissant que je cherche en peinture. »

Un séjour au rythme des marées et des couleurs. Un séjour dans un paysage d’estran et d’îlots. Vingt-cinq marées. A la vingt-sixième, il a fallu harnacher le sac à dos et emmancher la brouette pour rejoindre, à pied, le continent. Dans les bagages de nouvelles couleurs couchées sur le papier, des mots soigneusement assemblés et la certitude qu’un recueil pourra naître du recueillement insulaire.

 “La vérité de la poésie est sans doute là, à la frontière de l’expérience et de l’impensable, écrit Christophe Le Baquer au moment de partir. Je quitte une alcôve hors du temps et je retourne me féconder dans la rencontre avec l’altérité du monde.”